Aide et soins à domicile : Un enjeu majeur pour la prochaine législature
La Mutualité Chrétienne et Solidaris réaffirment leur engagement pour un système de santé plus juste et accessible. Face aux défis actuels (pénurie de personnel, vieillissement de la population, augmentation des besoins en soins complexes), elles proposent un nouveau modèle de santé centré sur la personne et intégrant l’ensemble de l’aide et des soins à domicile.
Le vieillissement de la population est un phénomène global qui n’épargne pas la Belgique. Selon les projections démographiques du Bureau du Plan et de Statbel, le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus va doubler d’ici 2050 par rapport à 2022, passant de 5,6% à 10,1%. Bien que l’allongement de l’espérance de vie soit une bonne nouvelle, la qualité de cette vie prolongée n’est pas garantie. On estime qu’un homme âgé de 65 ans ou plus vivra en moyenne 7 ans en mauvaise santé, tandis qu’une femme de 65 ans ou plus vivra 10,2 ans en mauvaise santé.
Le vieillissement de la population est donc un défi prioritaire pour notre société. Il est indispensable de garantir à chacun l’accès à des soins de qualité en fonction de ses besoins, tout en respectant ses choix de vie, notamment le souhait de rester à domicile aussi longtemps que possible. Dans les années à venir, de nombreuses personnes feront face à une perte d’autonomie et auront recours aux services d’aide et de soins à domicile. Actuellement, une personne âgée de 65 ans ou plus a deux fois plus de risque de vivre seule comparé à la population générale. Ces personnes isolées sont souvent les plus vulnérables et nécessitent le plus d’aide et de soutien.
Les défis du secteur
Le secteur de l’aide et des soins à domicile fait face à de nombreux défis :
- Pénurie de personnel : Les métiers du domicile, que ce soit de l’aide ou des soins (aide familiale, infirmiers, …), peinent à recruter. Actuellement, ces métiers sont considérés comme « critiques » par le Forem en Wallonie et Actiris à Bruxelles. Le manque de personnel qualifié rend difficile la réponse à la demande. De plus, l’offre de formation est insuffisante.
- Sous-financement structurel : Il est impératif de garantir l’accessibilité financière pour les bénéficiaires tout en refinançant les services pour répondre efficacement à la demande. La Cour des Comptes a déjà tiré la sonnette d’alarme sur l’insuffisance de l’offre par rapport aux besoins futurs.
- Charge administrative : Le secteur souffre d’une lourde charge administrative, limitant le temps pour l’encadrement du personnel et le suivi des dossiers des bénéficiaires.
- Marchandisation du secteur : La pénurie de personnel et le sous-financement ont conduit à une marchandisation du secteur, où des opérateurs commerciaux comblent les lacunes sans contrôle sur la qualité des prestations.
Un secteur au bord de la crise de nerfs
La prochaine législature doit répondre à une situation critique. Selon le Bureau du Plan, à politique constante, la croissance annuelle moyenne des besoins financiers du secteur entre 2025 et 2029 est de 6,6%, soit le double de la croissance moyenne des dépenses de soins de santé. Pourtant, certains partis politiques demandent de limiter la croissance du budget des soins de santé à celle du PIB, soit 1,4% en moyenne sur la même période.
Des solutions pour un modèle plus soutenable
- Refinancement global : Le modèle actuel de financement n’est pas soutenable aussi bien pour les soins infirmiers à domicile qui dépendent du fédéral que pour les aides à domicile qui dépendent des régions. Une réflexion globale est nécessaire pour inclure tous les métiers du domicile (infirmiers, aides familiales, aménagement du domicile, téléassistance, …) et les nouveaux métiers en devenir. Une trajectoire budgétaire tenant compte de la hausse des besoins est cruciale que ce soit au niveau fédéral ou dans les entités fédérées.
- Amélioration des conditions de travail : Il est essentiel de continuer à améliorer les conditions de travail des travailleurs du secteur, Le secteur doit aussi faire face à la pénibilité du travail, la gestion des fins de carrière, la formation, les transitions professionnelles et la digitalisation. L’attractivité des métiers du domicile est cruciale pour gérer la perte d’autonomie.
- Accessibilité Financière : La participation financière des bénéficiaires des services d’aide et soins à domicile ne doit pas être un frein. Nous devons travailler sur une accessibilité globale des services, assurant une juste contribution des bénéficiaires.
Un appel à l'action
Ensemble, nous sommes plus forts. Nous devons faire entendre nos voix. Sans sursaut du monde politique sur cet enjeu du vieillissement de la population, nous allons droit dans le mur déroulant le tapis rouge à la marchandisation de l’aide et des soins à domicile. Nous ne voulons pas de modèles économiques mercantiles, comme ceux qui ont mis en difficulté le secteur des maisons de repos. Mobilisons-nous pour que le respect du choix de lieu de vie, le bien-être et la qualité des soins à domicile deviennent des axes prioritaires dans les prochaines déclarations politiques régionales et fédérales.
Pour Solidaris et la MC, la santé n’est pas une marchandise. C’est dans cet esprit de responsabilité sociétale que nous tirons la sonnette d’alarme. L’heure est à la responsabilité politique pour embrasser cette problématique grandissante et trouver des réponses et soutiens adéquats.