Au moins un malade de longue durée sur dix se sent discriminé lors de son retour au travail  

Bruxelles, 1er juillet 2025 - Au moins 10 % des travailleurs qui reprennent le travail après une période d'invalidité sont victimes de discrimination. C'est ce que révèle une nouvelle étude de la Mutualité chrétienne (MC). “En tant que société, nous augmentons la pression exercée sur les malades de longue durée pour qu'ils reprennent le travail. Il est donc de notre responsabilité de veiller à ce qu’ils se sentent bien lors de leur retour.”, déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC. 

Pour les personnes qui reprennent le travail après une période d'incapacité, le processus n'est pas toujours aisé. Le Service d’études de la MC a examiné si, et de quelle manière, les affiliés de la MC sont victimes de discrimination en raison de leur incapacité de travail lors de leur reprise, un sujet jusqu’ici peu abordé dans le débat sur le retour au travail. L'étude a interrogé un groupe de 506 personnes au moyen de deux questionnaires, étalés sur huit mois. ​ 

Au moins une personne interrogée sur dix a déclaré avoir été parfois, souvent ou toujours victime de discrimination en raison de son incapacité de travail. Pour 9% d'entre elles, les problèmes ou les échecs ont été imputés à leur incapacité. Une personne sur quatre (26 %) a déclaré avoir eu moins d'occasions d'exprimer ses idées, tandis qu'une personne sur cinq (21 %) a estimé que sa contribution n'était pas reconnue à sa juste valeur. Le niveau de discrimination est plus élevé chez les personnes interrogées effectuant un travail « intellectuel » que chez celles effectuant un travail « manuel ». Les personnes qui se sentent victimes de discrimination après une période d’incapacité perçoivent également leur avenir professionnel de manière plus négative, ce qui pourrait accroître le risque de rechute. 

Pourcentage de répondant·es rapportant avoir vécu parfois, souvent ou toujours, de la discrimination en raison de leur incapacité, lors du retour au travail, selon la forme de discrimination (Source : MC)

“ Nous savons, grâce à des recherches antérieures, que la qualité des relations au travail et son environnement est souvent en partie responsable de l'incapacité de travail d'une personne », déclare Elise Derroitte. “ Il est donc affligeant d'entendre que certaines personnes, lorsqu'elles reprennent le travail, ont le sentiment que leur contribution n'a plus de valeur. En tant que société, nous devons mener une réflexion approfondie sur la manière dont nous traitons les personnes qui ont quitté leur emploi, en particulier dans un climat où les malades de longue durée sont scrutés de près. Tous les acteurs concernés, y compris les employeurs et les collègues, doivent s’engager pour garantir une réintégration durable.” ​ 

Double discrimination ​ 

L'étude montre également que les personnes d'origine non belge sont davantage touchées la discrimination liée à l’incapacité : lorsqu’elles se sentent victimes de discrimination à leur retour au travail, elles évaluent leur avenir professionnel de manière plus négative, ce qui peut accroitre le risque de rechute dans l’incapacité de travail. Il est essentiel que les responsables et les prestataires de soins de santé soient conscients de l'existence d'une double discrimination lorsqu'ils accompagnent un ou une employé.e d'origine non belge dans sa reprise du travail. Des politiques antidiscriminatoires appropriées au sein des entreprises, combinées à des politiques de retour, pourraient s’avérer utiles à cet égard. ​ 

Recommandations  

La Mutualité chrétienne formule un certain nombre de recommandations pour lutter contre la discrimination après l’incapacité de travail. Tout commence par réduire les stéréotypes négatifs à l'égard des personnes en incapacité de longue durée. En politique, dans les médias et au sein des entreprises, des opinions défavorables circulent sur les malades de longue durée, qui ne contribuent pas à la réintégration sur le lieu de travail. Ces stéréotypes doivent être éliminés. “Le développement des connaissances sur les impacts de la discrimination et la formation au sein des entreprises peuvent constituer un premier pas dans cette direction “, déclare Elise Derroitte. ​ 

Il est également important de mettre l’accent sur une politique de réintégration garantissant un retour durable au travail. L'implication des managers et des collègues joue un rôle important à cet égard. Une communication claire et directe permet à toutes les parties concernées de progresser vers une réintégration durable sur le lieu de travail. ​ Cela doit s'envisager dans le cadre de démarches collectives de prévention. Chaque entreprise doit d'ailleurs élaborer une politique de réintégration à cet effet.

Une telle politique est obligatoire depuis octobre 2022, mais une enquête de 2024 de Mensura a révélé que 93 % des entreprises ne l'avaient toujours pas mise en œuvre. C'est décevant, car cela revient à faire peser, une fois de plus, la responsabilité sur la personne en incapacité de travail. Il semble plus facile d'émettre des jugements négatifs sur les malades de longue durée que de s’engager concrètement en faveur d’une réintégration durable et largement soutenue. Cela doit changer. 

 

la discrimination en raison de l incapacite.pdf

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Simon Vandamme

Responsable presse

 

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