Baisse générale de la consommation de médicaments chez les enfants, mais des signaux d’alerte subsistent

La consommation de médicaments chez les enfants et les adolescents de moins de 18 ans a diminué ces dix dernières années. Cependant, certains médicaments tels que les inhibiteurs de l’acidité gastrique, les médicaments contre le TDAH et les antidépresseurs sont en augmentation chez les mineurs. C’est ce que révèle une nouvelle étude de la Mutualité chrétienne (MC).

Le service d’étude de la Mutualité santé MC a examiné les données de facturation des médicaments remboursés aux membres de la MC âgés de 0 à 18 ans entre 2013 et 2023. Il en ressort que la consommation de médicaments chez les enfants et les adolescents est globalement en baisse, avec 57 % des jeunes membres MC ayant au moins un médicament remboursé en 2023, contre 62 % en 2013. Les dépenses de l’assurance maladie pour les médicaments ont également diminué : entre 2013 et 2023, elles ont baissé de 8 %.

Les cinq classes de médicaments remboursés les plus utilisées par groupe d’âge sont restées inchangées par rapport à 2013, sauf chez les adolescents. Ils prenaient clairement davantage de médicaments contre l’acidité en 2023 qu’il y a dix ans.

La baisse la plus importante concerne les antibiotiques, en particulier l’amoxicilline et l’amoxicilline combinée à l’acide clavulanique, souvent utilisée dans les infections respiratoires. Dans ces catégories, le nombre d’utilisateurs est en baisse de 16 % et 45 % respectivement par rapport à 2013. En revanche, l’utilisation de la flucloxacilline, un antibiotique utilisé pour les infections cutanées, a progressé de 66 %. Malgré la baisse globale, la consommation d’antibiotiques en Belgique reste supérieure à la moyenne européenne. « Il reste essentiel d’informer soigneusement les prestataires de soins et les patients des risques liés à la résistance aux antibiotiques. Nous espérons que les différentes campagnes de communication qui ont déjà été menées à ce sujet seront répétées régulièrement afin que nous puissions continuer à sensibiliser », déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC.

Médicaments contre le TDAH et antidépresseurs

Les médicaments pour le système nerveux, tels que les médicaments contre le TDAH et les antidépresseurs, sont à l’origine de l’augmentation la plus inquiétante sur la période 2013-2023. Pour les médicaments contre le TDAH, le nombre d’utilisateurs a augmenté de 31,5 % entre 2013 et 2023. La consommation d’antidépresseurs a bondi de 43 %. Le fait que l’utilisation de médicaments contre le TDAH soit en forte augmentation a déjà été révélé par une étude antérieure de la MC (Sholokhova, 2024)1.« L’usage de ces médicaments n’est pas sans risque », déclare Elise Derroitte, « Un accompagnement psychologique est une première étape importante dans le traitement du TDAH et de la dépression, entre autres, mais nous constatons que l’utilisation de ces médicaments ne cesse d’augmenter et qu’elle est rarement associée à une psychothérapie. Pourtant, l’usage de médicaments contre le TDAH s’accompagne souvent d’effets secondaires graves tels qu’une perte d’appétit, de l’anxiété et de la tristesse. Dans un premier temps, nous devons veiller à ce que l’offre et l’accès aux soins psychologiques soient davantage développés afin d’éviter une consommation inutile de médicaments.»

Des directives claires et une collaboration multidisciplinaire sont également nécessaires pour que les enfants et les adolescents qui reçoivent un traitement médicamenteux pour des troubles mentaux puissent le faire de manière sûre et contrôlée.

 

Inhibiteurs de la sécrétion d’acide gastrique

C’est surtout chez les adolescents que les chercheurs ont constaté une augmentation de l’usage d’inhibiteurs d’acide gastrique. Il s’agit des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Chez les adolescents, la consommation est passée de 2,8 % en 2013 à 3,9 % en 2023. Bien que ces médicaments soient souvent bien tolérés, ils présentent des effets secondaires tels que des maux de tête et un risque accru d’effet rebond, ce qui signifie que les symptômes réapparaissent à l’arrêt du traitement. Il existe également des indications selon lesquelles l’utilisation à long terme des inhibiteurs de la pompe à protons est nocive, par exemple pour les reins et les os.

Chez les jeunes enfants, les chercheurs ont constaté une utilisation off-label pour cette catégorie de médicaments. Les inhibiteurs de la pompe à protons sont souvent prescrits aux nourrissons pour lutter contre le reflux, bien que leur utilisation ne soit pas autorisée chez les enfants de moins d’un an. Le nombre de nourrissons à qui l’on a prescrit des inhibiteurs de la pompe à protons est passé de 2,7 % en 2013 à 3,1 % en 2023. « Grâce au quota maximal pour les inhibiteurs de la sécrétion d’acide gastrique introduit par l’INAMI, on peut espérer éviter une surconsommation », déclare Elise Derroitte.

Contraception

Une autre baisse notable concerne les contraceptifs oraux, même s’ils restent la catégorie de médicaments la plus utilisée par les adolescents. Le nombre total d’utilisateurs a diminué de 16 % depuis 2013. Parallèlement, on observe une augmentation du nombre de femmes de moins de 18 ans qui optent pour un stérilet hormonal : en 2013, 52 membres de la MC ont demandé un remboursement à ce sujet, contre 483 en 2023 (près de 10 fois plus en 10 ans !).

Parallèlement à ces évolutions dans les choix de contraception, les besoins en santé mentale des jeunes restent un enjeu crucial qui nécessite une attention particulière.

« Nous demandons aux responsables politiques de poursuivre leurs efforts pour améliorer l’accès aux soins psychologiques », poursuit Elise Derroitte. « Depuis le 1er février 2024, les jeunes de moins de 24 ans peuvent accéder à des soins psychologiques primaires à moindre coût, mais le budget actuel est insuffisant pour répondre à tous les besoins. Nous demandons donc de renforcer l’offre afin que toutes les demandes d’aide puissent être satisfaites chez les enfants et les adolescents. »

1. Sholokhova, S. (2024). Traitement médicamenteux du TDAH en Belgique. Santé & Société n°8 - 01/2024

 

L’étude complète est parue dans Santé & Société, le magazine du Service d’étude de la MC. Remerciements à Jocelijn Stokx, Kris Van haecht et Rose-Marie Ntahonganyira.

Tendances-medicaments-moins18-ans 1.pdf

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Simon Vandamme

Responsable presse

 

 

 

 

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