La majorité des Belges que nous avons rencontré estiment que le temps consacré aux soins devrait être pris en compte dans le calcul de la pension
Bruxelles, 17 septembre 2025 - À l'approche du sommet Caruna prévu le 22 novembre prochain, la Mutualité chrétienne (MC) a interrogé 5.727 Belges1 sur leur perception de la place des soins dans la société. Les résultats sont clairs : les soins devraient être davantage valorisés, y compris sur le plan financier.

Depuis le lancement du site Caruna en mars dernier, les citoyens ont pu s’exprimer en ligne sur douze propositions concernant l'avenir des soins. Parallèlement, un « Tour de Belgique » a permis à de nombreuses organisations de la société civile et initiatives citoyennes d’organiser des moments de dialogue en présentiel autour de ces propositions. Objectif : nourrir un débat approfondi sur la place des soins dans notre société.
Depuis mars, Caruna a ouvert un espace d’expression libre autour de douze propositions concrètes sur l’avenir des soins. Cette démarche participative, accessible à toutes et tous, vise à mobiliser largement les citoyens, bien au-delà des chiffres. Elle reflète la volonté de la MC de faire entendre les voix de celles et ceux qui vivent les soins au quotidien.
Cette mobilisation citoyenne révèle une conviction forte: 76,1 % des répondants estiment que le fait de prodiguer des soins donne du sens à la vie. Ils considèrent le soin comme un pilier fondamental de la société, porteur de sens collectif.
En parallèle, le Tour de Belgique a permis à des organisations et initiatives locales de créer des moments de dialogue en présentiel. Ces échanges ont nourri un débat collectif sur la place des soins dans notre société. Caruna incarne une dynamique de transformation durable, où chacun peut contribuer à construire un système de soins plus humain, solidaire et inclusif.
Mais prendre soin d’un proche représente aussi un investissement en temps, avec des répercussions sur la carrière. Ainsi, 74,7 % des personnes engagées dans ce projet Caruna pensent que ce temps devrait systématiquement être pris en compte dans le calcul de la pension. Les soins informels sont perçus comme une forme de travail socialement utile, qui permet à l’État de réaliser des économies et qui soutient le système de soins de santé. Les aidants proches accomplissent des tâches qui, autrement, nécessiteraient l’intervention de professionnels rémunérés. Pour les répondants, cet engagement envers autrui ne devrait pas être pénalisé dans le calcul des droits à la retraite.
« Le système des soins de santé est sous forte pression, nous avons plus que jamais besoin d'aidants proches, car les soins professionnels seuls ne le permettent pas. Je pense que vous avez l'obligation, en tant que société, de prendre cela vraiment en compte », a déclaré l'un des participants.
La qualité de vie comme priorité
La question de la fin de vie a également été abordée. 83,6 % des répondants estiment qu’il est inutile de prolonger la vie par des traitements si ceux-ci ne sont pas de qualité ou ne correspondent pas aux souhaits du patient. Les réponses mettent en avant l’autonomie personnelle, la priorité à la qualité de vie plutôt qu’à la quantité, et des expériences de soins où les traitements ont prolongé la souffrance au lieu de l’atténuer.
L'accessibilité des traitements médicaux a aussi suscité le débat. A la question de savoir si les personnes vivant dans la pauvreté devraient être prioritaire dans l’accès aux soins, les avis sont partagés : 37,2 % sont d'accord, 26,9 % sont neutres et 35,9 % ne sont pas d'accord.
Les personnes favorables à cette priorité soulignent que la pauvreté ne se limite pas aux difficultés financières : elle affecte aussi la santé mentale et physique. Certains plaident pour une politique de santé qui intègre la lutte contre la pauvreté, car les personnes précaires rencontrent souvent des obstacles plus importants pour accéder aux soins.
« Les résultats du sondage en ligne et du 'Tour de Belgique' montrent que le débat autour de Caruna est plus que jamais nécessaire. Une large majorité des Belges interrogés estiment qu’il est temps de repenser notre organisation des soins », déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC.
Le sommet Caruna aura lieu le 22 novembre. A cette occasion, les 1.500 participants proposeront des résolutions, qui seront soumises à un vote en plénière. L'objectif final : élaborer un programme de changement pour influencer le débat sociétal sur les soins de demain.
1 Au total, 5.727 Belges ont répondu (en partie) à l'enquête. Les déclarations n'étaient pas toutes en ligne en même temps, mais s'étendaient sur plusieurs semaines. Toutes les déclarations n'ont pas le même nombre de personnes qui répondent.
Simon Vandamme