Réaction de la Mutualité chrétienne (MC) à la proposition d’indexer les tickets modérateurs chez les médecins généralistes
Elise Derroitte, vice-présidente de la MC : « Cette mesure pénalise les malades chroniques et les personnes à faibles revenus. Voulons-nous vraiment qu’ils renoncent à consulter leur médecin généraliste faute de moyens ? »
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La Mutualité chrétienne (MC) se dit extrêmement préoccupée par la proposition des syndicats médicaux Absym et Cartel d’indexer les tickets modérateurs dans les soins de médecine générale. Ces derniers avancent que la mesure permettrait une économie de 114 millions d’euros, notamment en décourageant les consultations jugées trop fréquentes.
Mais pour la MC, ce raisonnement est dangereux. « Si toutes les professions de santé adoptent une telle logique, cela se traduira par une hausse significative des coûts pour les patients, sans aucune amélioration en termes de qualité ou d’accessibilité des soins. En répartissant les économies envisagées – environ un milliard d’euros – sur l’ensemble de la population, chaque Belge devra débourser en moyenne 83 euros de plus de sa poche au cours de cette législature », souligne Elise Derroitte.
Elle rappelle aussi une réalité souvent ignorée : « Le ticket modérateur n’est pas la seule contribution des patients. Ils financent aussi la sécurité sociale à travers leurs salaires et leurs impôts, précisément pour garantir un accès abordable aux soins. »
À cela s’ajoutent fréquemment des suppléments, car un nombre croissant de médecins se déconventionnent, ce qui renforce encore la charge financière pour les patients.
Les malades chroniques en première ligne
L’impact de cette mesure serait particulièrement lourd pour les personnes atteintes de maladies chroniques. « Imaginez un patient qui suit un traitement de longue durée, avec par exemple une dizaine de séances de kinésithérapie : à chaque fois, il doit payer un ticket modérateur. Plus son état de santé est dégradé, plus il paie », dénonce Elise Derroitte.
Selon les dernières données de Sciensano, 32 % des Belges souffrent aujourd’hui d’une affection chronique. « L’indexation des tickets modérateurs est une mesure profondément injuste : elle fait payer davantage les plus fragiles. Les maladies chroniques touchent davantage les personnes âgées, les femmes et les personnes en situation de précarité. »
Les faibles revenus particulièrement vulnérables
Cette mesure frappera aussi de plein fouet les ménages aux revenus modestes. « Pour eux, chaque euro compte. Ce ne sont pas des "petites sommes" : la part de leur revenu consacrée aux soins est déjà disproportionnée. »
Un effet dissuasif coûteux à long terme
La MC rappelle également qu’un obstacle financier peut entraîner un report, voire un renoncement aux soins. « Lorsque des personnes hésitent à consulter leur médecin de peur de ne pas pouvoir payer, elles attendent que leur situation se dégrade. Résultat : des soins plus lourds, plus complexes, et plus coûteux pour la société », avertit Elise Derroitte.
Pour la MC, il est impératif que les soins de première ligne restent accessibles à tous. « Le raisonnement des syndicats médicaux est court-termiste. Il ne tient aucun compte des effets à long terme sur la santé publique et l’équilibre du système. »
Simon Vandamme