Seule une personne âgée sur deux a vu un.e dentiste en 2023

Quelques résultats de l’étude :

Le médecin généraliste, le référent de confiance

En 2023, près de 94 % des personnes âgées de plus de 65 ans ont eu au moins un contact avec un médecin généraliste. Si la proportion varie en fonction de l’âge et de la région (Bruxelles : 80,5 %, Wallonie : 90,8 % et Flandre : 95,1 %), le volume de contacts par personne sur une base annuelle est stable entre 2016 et 2023 : environ 9 en moyenne.

Le constat tiré par l’étude est assez clair : plus on avance en âge, plus les contacts avec un médecin généraliste sont fréquents. Il existe également une différence selon le statut BIM, où les personnes âgées ayant ce statut ont généralement des contacts annuels plus fréquents avec le généraliste. Dans l’ensemble, on constate une diminution de la proportion de personnes ayant eu recours à des visites à domicile sur la période étudiée. Cependant, le nombre de visites à domicile reste élevé pour les personnes au-delà de 85 ans (et singulièrement si elles sont BIM). ​ « Cela souligne la nécessité de repenser l’accessibilité aux médecins généralistes pour les personnes à mobilité réduite, qui n’ont pas de proches pour les accompagner ou qui dépendent entièrement des transports publics. Inciter davantage de médecins à faire des visites à domicile est une piste », insiste Elise Derroitte.

Un « effet d’âge » est également constaté pour les soins infirmiers à domicile : plus on vieillit, plus on fait appel à un.e infirmièr.e à domicile. Le nombre de jours où des soins infirmiers sont prodigués à domicile augmente encore selon le statut BIM ​ : un.e infirmièr.e à domicile se rend en moyenne 117 jours par an chez les personnes âgées non-BIM (médiane : 48), contre 172 jours par an (médiane : 125) chez les personnes âgées BIM.

Soins dentaires : attention à la prévention

Globalement, un peu moins de 52% des membres de la MC âgés de 65 ans et plus ont eu recours à l’un ou l’autre soin dentaire ambulatoire en 2023 (2016 : 45%). Ce pourcentage varie selon l’âge, le statut BIM et les régions.

C’est surtout la situation dans les institutions de soins (maison de repos, essentiellement) qui posent question : en 2023, moins de 25% des 65 ans et plus avait recours aux soins dentaires ambulatoires. Une situation moins dramatique mais comparable pour les personnes vivant chez elles tout en bénéficiant de soins infirmiers ​ à leur domicile : là aussi le pourcentage de recours aux soins dentaires est plus faible que par rapport aux personnes vivant chez elles mais sans bénéficier de soins infirmiers. « Vivre en maison de repos ou chez soi (en bénéficiant alors de soins infirmiers à domicile) dénote un état de santé dégradé, une situation de perte d’autonomie. Dans ces circonstances, les soins dentaires peuvent apparaître comme secondaires, tant d’autres problèmes de santé sont prioritaires.

Pourtant, il n’y a pas de raison de renoncer aux soins dentaires. Une bonne santé bucco-dentaire est tout aussi importante pour les personnes âgées que pour toute autre ! Il y a sans doute des efforts de sensibilisation à faire, tant du côté des personnes âgées que des prestataires de soins. En effet, ces derniers ont un rôle à jouer : ils peuvent aider les personnes âgées, les sensibiliser (leurs proches également) à une bonne hygiène bucco-dentaire, par exemple en les orientant vers les soins appropriés» indique Elise Derroitte.

Un recours aux médicaments qui pose question

Dans notre étude, nous observons que la polymédication est très fréquente : en 2023, 38% des 65 ans et plus ont eu recours régulièrement à au moins 5 médicaments différents.

L’étude constate que de nombreuses personnes âgés (68% des 65 ans et plus) sont confrontées à des médicaments potentiellement inappropriés (définis comme des médicaments ayant un rapport bénéfice/risque défavorable chez le patient âgé alors qu'il existe de meilleures options). Pour ceux et celles qui résident en institution de soins, ce pourcentage monte à 83%. Quant aux personnes vivant à leur domicile, ce pourcentage est, respectivement, de 84% et 62%, selon que des soins infirmiers sont prodigués ou non au domicile.

Vaccination antigrippale : il faut en faire plus

En 2023, le pourcentage de 65 ans et plus (ne résidant pas en maison de repos) ayant eu recours à la vaccination antigrippale est de 62%. Il était de 68% en 2020. On constate également que les BIM sont un peu moins nombreux que les non-BIM à se faire vacciner contre la grippe depuis 2020. Une tendance inverse à la période pré-2020.

C’est en Flandre que le pourcentage de personnes âgées de 65 ans vaccinées contre la grippe est le plus élevé (2023 : 66%), tandis qu’il est nettement plus faible en Wallonie et Bruxelles (en 2023, respectivement : 48% et 47%). Mais quelle que soit la région, la tranche d’âge, le statut social, des marges de progression existent, car la recommandation de l’Organisation Mondiale de la santé est d’atteindre 75%.

« Cette cartographie du recours aux soins chez les 65 ans et plus montre l’ampleur des défis à relever, tant en matière de prévention que d’accès aux soins. Il est essentiel d’investir simultanément dans des stratégies de prévention efficaces et dans une meilleure prise en charge des besoins existants. Certains soins essentiels, comme la parodontologie, restent insuffisamment couverts par l’assurance obligatoire, alors qu’ils jouent un rôle clé dans la santé globale des aînés. Nous devons garantir un accès équitable aux soins tout en renforçant la prévention, car les deux sont indissociables pour améliorer durablement la santé des patients », conclut Elise Derroitte.

Toutes les conclusions sur les différents indicateurs d’utilisation des soins sont à retrouver dans l’étude.

¹ Pour cette étude réalisée en 2024, les données de tous les membres MC âgés de 65 ans ou plus au cours d’une année civile de la période 2016-2023 ont été analysées, ce qui représente un tout petit peu plus d’un million de personnes. Huit secteurs de soins ont été étudiés : soins par un médecin généraliste, soins par des spécialistes, soins infirmiers à domicile, kinésithérapie, soins dentaires, médicaments, soins hospitaliers, soins (semi-)résidentiels et rééducation fonctionnelle.

² Recours régulier à minimum 5 médicaments différents.

³ Être bénéficiaire de l'intervention majorée (BIM) indique que les revenus du ménage sont limités.