Soins de santé : la fracture numérique, une nouvelle inégalité à combattre

Bruxelles, le 6 mai 2025 – La numérisation des soins de santé offre de nombreux avantages, notamment un accès plus rapide et plus efficace aux données médicales. Mais elle peut aussi constituer un obstacle pour les personnes en situation de vulnérabilité numérique. C’est ce que révèle une nouvelle étude de la Mutualité chrétienne (MC).
« Trop de citoyens n’ont pas accès aux outils numériques pourtant essentiels à la gestion de leur santé. Si la numérisation améliore l'accès à l'information médicale, elle peut également creuser les inégalités pour celles et ceux qui ne disposent pas des compétences ou de l’équipement nécessaires pour en bénéficier », déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC.
L’évolution numérique des soins de santé transforme en profondeur les pratiques. Il existe aujourd’hui plusieurs plateformes permettant aux patients de consulter leurs ordonnances ou leur dossier médical en ligne. Les consultations médicales peuvent, dans certains cas, se dérouler à distance. L’étude de la MC s’intéresse à l’impact de cette transition sur l’accessibilité des soins et met en lumière les risques liés à la fracture numérique – c’est-à-dire les inégalités d’accès et d’usage des technologies et d’internet.
Depuis la pandémie de grippe aviaire, le recours aux applications numériques s’est accéléré, y compris dans le domaine de la santé. Les téléconsultations, par exemple, permettent aux patients de consulter leur médecin via un appel vidéo. « Mais cela reste loin d’être évident pour tout le monde », poursuit Elise Derroitte.
Les freins sont multiples : l’absence d’équipement adapté (smartphone, tablette, ordinateur), un accès limité à internet, ou encore un manque de compétences numériques. Les personnes déjà fragilisées socialement sont particulièrement exposées au risque d’exclusion. « Tout le monde n’a pas un smartphone ou une connexion internet pour simplement prendre rendez-vous avec un généraliste. Et même parmi ceux qui en disposent, beaucoup ne savent pas comment s’en servir. »
Des applications comme myhealth.be ou Helena permettent aux patients d’accéder eux-mêmes à leur dossier médical, mais elles nécessitent une identification numérique, via un lecteur de carte eID ou l’application Itsme – ce qui implique un processus d’installation parfois complexe.
La numérisation modifie également la manière dont les soins sont fournis, ainsi que le lieu où ils le sont. L’information médicale ne passe plus uniquement par le médecin : elle est désormais accessible sur le téléphone ou l’ordinateur du patient. Cela permet une plus grande réactivité et un engagement accru des patients dans la gestion de leur santé. « C’est positif, car les patients peuvent ainsi être informés plus rapidement des résultats d’examens, sans devoir attendre un appel ou un rendez-vous. »
Bien que la fracture numérique se réduise lentement, beaucoup reste à faire. Pour la MC, il est essentiel de placer l’utilisateur au cœur du développement des outils numériques, en misant sur l’accessibilité, la simplicité d’utilisation et le renforcement des compétences numériques – en particulier auprès des publics vulnérables.
« Il est crucial de garantir l’accessibilité universelle des applications et des technologies de santé, et de maintenir des alternatives hors ligne pour celles et ceux qui en ont besoin. Sinon, nous risquons de créer un système de soins de santé à deux vitesses, où les personnes numériquement outillées accèdent plus facilement aux soins que les autres. »
Retrouvez l'étude complète en cliquant ici.